Sceau provisoire, sceau permanent

Québec aurait pu avoir des armes dès le XVIIe siècle si le gouverneur de Frontenac avait mené à bien son projet. En effet, le 13 octobre 1673, il écrivait au ministre :

« C’est à quoi, Mgr, vous aviserez, s’il vous plaît, comme aussi aux livrées et aux armes que le Roi voudra donner à la ville de Québec. Je croyais que les fleurs de lys sans nombre, au chef d’or, chargé d’un castor de sable, lui conviendraient assez bien avec deux orignaux pour supporter, et le bleu et le blanc pour les livrées de la ville. J’attendrai sur cela les ordres de Sa Majesté et les vôtres. »

Historien et archiviste, Pierre-Georges Roy (1870-1953) ajoute :

« La suggestion du grand gouverneur demeura sans réponse. Et, comme sous le règne de Louis XIV, la lumière devait venir de Paris ou de Versailles. M. de Frontenac, qui avait déjà été blâmé pour des initiatives bien anodines, ne parla plus de son projet. »

Il faudra donc un peu plus d’un siècle et demi pour que Québec se dote d’armes et de devise…

À la suite de l’incorporation de la cité de Québec en 1833, les élections municipales se tiennent le 25 avril et le nouveau conseil se réunit pour la première fois le 1er mai. Trois semaines plus tard, la question du sceau de la ville est discutée au conseil. Car Joseph Légaré (1795-1855), le représentant du quartier du Palais, mais aussi peintre déjà reconnu – il avait participé en 1832 à la décoration du nouveau Théâtre Royal de Québec  – a soumis peu avant un dessin pour le sceau de la Corporation.

Lors de cette même séance du conseil, le 24 mai 1833, il est donc

« Résolu que le Sceau de la Corporation tel que présenté par M. Légaré soit adopté comme le Sceau de la Corporation. Le dit Sceau représentant 1° Le cap aux Diamants et la Basse ville 2° La Déesse Strénua, Déesse de l’activité & du travail montrant d’une main le Fleuve St-Laurent et de l’autre tenant quelques épis de bled 3° Une ruche d’abeille et un Castor, enfin un Lion tenant une clef, désignant Québec comme la Clef du Canada. Et que le maire prenne des mesures pour le faire graver suivant qu’il le jugera convenable. »

La Cité de Québec a bien adopté un sceau officiel, mais la fabrication de celui-ci demande du temps et son absence pose un important problème légal. Dans une lettre déposée au Conseil le 17 juin 1833, l’avocat de la ville, M. Vanfelson, en fait état :

« Je m’empresse de vous faire savoir que les juges m’ont envoyé quérir cette après-midi et m’ont informé de diverses observations contre les ordonnances présentées pour confirmation savoir :

« Point de sceau, point de preuve de la majorité absolue du Conseil. »
« point de preuve de l’élection des membres du Conseil […] »

Le conseil décide donc, lors de cette même séance, d’une part, de mandater le maire pour régler le problème

« Que le Maire soit chargé de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire disparaître toutes les objections à la forme mentionnées dans la Lettre de l’avocat de la Corporation de ce jour, comme faites par la Cour du Banc du Roi de Sa Majesté pour le District de Québec, à l’homologation des Ordonnances adoptées par le Conseil de ville pour la salubrité de la ville. »

Et, d’autre part,

Sceau temporaire

« Que le cachet, dont l’empreinte est ci-jointe, portant la lettre « L » soit adopté comme celui du Conseil de ville jusqu’à ce que le Cachet adopté ci-devant par la Corporation, soit gravé. »

Selon René Vincent, un ancien archiviste de la ville, cette lettre « L » était tout simplement la première lettre du nom du conseiller Légaré…

 

Sceau permanent

 

Et ce ne sera qu’un an plus tard, le 23 mai 1834, que :

« Le nouveau Sceau a été produit et adopté comme le Sceau de la Corporation au lieu et place de celui adopté temporairement / 272 / le 17 juin 1833; et une empreinte du nouveau sceau a été ordonnée d’être mise sur la marge de ce Livre. »